L’immunité

Physiquement, tu pourrais être devant moi, je te regarderai même mais sans jamais te voir. Psychologiquement, je n’arrive même plus à me convaincre que ça ira. Géographiquement, qu’est-ce que je fais là, bordel ?! Et où est-ce que je vais ? Syntaxiquement, toujours le chaos mais je fais genre je sais écrire. Personnellement, qui suis-je ? Si c’est pas ma psy qui m’aidera, ce sera les médicaments. Si ce ne sont pas les médicaments, ce sera la sophrologie. Si ce n’est pas la sophrologie, ce sera ma plume. Si ce n’est pas ma plume, ce sera le sommeil, la foi.

Je repense encore aux fois où mon corps avait fini par parler après tant de mois à étouffer ses maux. Ces fois où la douleur mentale était devenue une douleur physique insoutenable mais je continuais à essayer de faire taire mon corps. À bout, je leur disais « je veux dormir. Docteur, je veux juste dormir ». Ils n’aimaient pas cette phrase, je le sais parce qu’ils me répondaient « je sais, mais tu ne peux pas. Tu ne dois pas. Reste avec nous. Ne t’endors pas. ». Et j’ai répété cette phrase pendant des années. Mais même ça, juste dormir, je ne pouvais pas. Au fait, je voulais précisément qu’on m’endorme mais eux pensaient que je voulais mourir. Non. Je voulais dormir, un soir, une semaine, un mois, un an mais pas mourir. Ça faisait des mois que les douleurs physiques et mentales avaient supprimé mon sommeil. J’ignorais qu’un être humain pouvait passer autant de temps à dormir deux heures, à tout casser, par nuit. Je voulais alors juste dormir, cette petite « activité » pas surhumaine et que l’on considère anodine était devenue un véritable rubis pour moi. Je cherchais le luxe. Je voulais dormir pour ne plus ressentir ces décharges électriques, cette incapacité à bouger un membre, mon cœur s’emballer et mes poumons se serrer. Je voulais dormir mais pas mourir.

Tous ces symptômes n’étaient pas du cinéma, plusieurs choses les expliquaient dont « les crises d’angoisse aigues », me disaient-ils. Moi, la petite noire que je suis, celle qui a toujours entendu autour d’elle que les noirs n’étaient pas sujets aux problèmes/mal-être psychologiques et mentaux, j’étais en train de souffrir intérieurement depuis et pendant des années. Au fait, non, ma couleur de peau n’est pas une immunité contre les troubles psychologiques et mentaux. Fausse croyance à tuer.

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