Je vais bien.

Photo prise par Raïnat Aliloiffa.

Vous vous rappelez de quand je parlais de tabou sur le mal-être psychologique et mental à Mayotte? J’ai, pendant des années, mené un long combat contre celui-ci, je suis même passée pour la relou de service à tout le temps broyer du noir, à ne vouloir rien faire, alors qu’aux yeux de la médecine, j’étais dans un mal-être profond et un diagnostic avait été posé. Énormément de choses participaient à cet écroulement psychologique… Vous voyez comment j’ai moi-même du mal à parler de dépression? Je pense que cet état mental, psychologique et même physique m’a tellement traumatisée que je veux à tout prix me convaincre que c’en était pas un. Il a duré au point où j’étais persuadée que c’était mon état d’esprit normal, alors qu’en réalité, je me suis vue sombrer, mais une fois dans le noir, j’ai oublié que j’avais connu la lumière. Elle remonte à longtemps… très longtemps. Mais, aujourd’hui, je vais bien, après plusieurs années dans l’obscurité, j’ai pu y produire ma propre lumière et y rester. Je ne voulais pas et ne veut pas quitter l’obscurité. C’est elle qui nourrit la plupart de mes feuilles blanches. J’y réside désormais avec toute mon aura. Si je pars, je ne serais pas sûre de ma plume, elle est mon énergie mais ne m’épuise plus. Elle me sert. Je l’aime. J’aime la mélancolie, j’écris la mélancolie, j’ai des périodes mélancoliques mais je ne suis pas mélancolique. Et c’est là toute la différence.

J’ai été dans un sale état pendant plusieurs années. J’ai mis du temps à réaliser que j’allais mal. Quand je l’ai compris, il m’a fallu encore des années et diverses méthodes pour trouver les origines de mes maux. La première a été l’écriture. D’aussi loin que je me rappelle, elle a toujours été là. Elle m’a toujours accompagnée et c’est elle qui m’a aidée à ne pas avoir peur dans la noirceur. J’ai ensuite expérimenté le sommeil, la méditation, la lecture, le développement personnel, les médicaments avant de consulté une spécialiste de la santé mentale. Ce tabou sur la santé mentale et psychologique à Mayotte je l’ai plus ou moins connu. Mes proches étaient partagés. Je me suis évidemment prise des remarques du genre « tu n’as rien, tu es juste un peu fatiguée », « arrête de te rendre folle, c’est pas pour nous, ça ». Je n’ai pas réussi à débattre plus longtemps avec eux. D’autres ont vu l’état dans lequel j’étais, et même si quelques-uns n’y croyaient pas, ils voulaient me voir vivre et m’ont donc accompagnée et soutenue. D’autres, ayant vécu ou étant en train de vivre la même chose, si ce n’est pire, m’ont écouté. Ils savaient que lorsque nous vivons cela, nous ne demandons qu’à être écouté, pas forcément compris ni rassuré mais juste écouté… même quand nous ne parlons pas. L’écoute n’a pas forcément besoin de parole. Écouter veut aussi dire accepter les mots silencieux.

Je sais que je ne suis pas un cas isolé. Je sais aussi que beaucoup se voilent la face car trop de paroles maladroites sont sorties des bouches de l’entourage. La faute à qui? Aux mentalités qui stagnent?

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