parlons sexualité et non-dits

Je suis issue d’une famille musulmane plus ou moins pratiquante. Dès petits, on nous apprend la religion par le biais de l’école coranique, les madrass et la mosquée. On nous apprend qu’il y a un Dieu et qu’il faut Le prier. Un Dieu aimant, qui nous aide durant toute notre vie et qu’il faut alors Lui rester fidèle. Il faut aussi suivre le bon chemin… C’est quasiment ce que l’on nous apprend, jeunes, pour la majorité des cas.

La question de la sexualité n’est pas ou très peu abordée. Certains diront que c’est par pudeur, protection, tradition ou même par religion. Plus tard, on comprendra que c’est par insouciance des conséquences. La sexualité est un grand tabou, dans la plupart des foyers. C’est, voire même, mal. Et si on la voyait autrement ?

Les informations qu’on nous transmet à ce sujet, quand cela arrive, sont incomplètes. Pourquoi ? Pour ne pas pervertir l’enfant, on vous expliquera. Encore énormément de personnes préfèrent taire ce point que de l’aborder, quitte à choisir les « bons mots », si réellement il y a un risque de perversion. Une partie de l’éducation de la vie, et non pas la moins importante, est alors inconnue chez l’enfant. C’est à ce moment-là que nous réalisons qu’il y a nombre de tabous sous énormément de prétextes. On nous transmet seulement qu’une infime partie de l’information. Qui n’a jamais été tenté de vouloir savoir ce qu’il se cache derrière une porte entrouverte ? L’humain est curieux, toujours attiré par ce qu’il ne voit pas mais sait qui existe.

Dans le cas où on nous parlerait de sexualité, la plupart du temps, on entend « une femme doit se préserver pour son mari. » ou encore « tu dois rester vierge jusqu’au mariage. », toujours en s’adressant, majoritairement à une fille. Le garçon, chez qui le sujet est autant traité que chez la fille, est très rarement, voire jamais l’objet de ces explications. On aura tendance à lui dire « ne déshonore pas une jeune femme ; ne dépucelle pas une jeune femme ». Tout cela est, encore une fois, très axé femme. Ce n’est pas du tout par rapport à la religion, contrairement à ce que l’on pourrait entendre. La religion n’est pas sexiste, c’est l’Homme qui l’est et nous fait croire qu’elle l’est. « Parce que c’est dans la religion » est l’explication qui se transmet de générations en générations et qui est censé nous satisfaire, nous élever et effacer notre envie de vouloir en savoir plus.

Ne dit-on pas que l’Homme est attiré par l’interdit ? Cette règle mal expliquée pousse vers cet interdit mais en cachette parce qu’après tout, ce qui est interdit n’est, en l’occurrence, pas bien. Et malgré les cours de science de la vie et de la terre qui ne traitent que vaguement du sujet, dans quelques cas, ces personnes-là, ces jeunes femmes attrapent une infection sexuellement transmissible. C’est le pire des cas (dans une relation où il y a un consentement mutuel). Pour moi, la grossesse n’est pas un drame. Elle est injustement diabolisée et considérée comme plus grave que les IST parce que ces dernières se cachent mais pas la grossesse. On ne vit qu’à travers le regard des gens, pour la majorité des cas. D’ailleurs, on nous dit aussi à nous, jeunes femmes, que si jamais on venait à perdre notre virginité hors mariage, ce serait la honte si jamais la famille, le voisinage et l’île l’apprenaient. Encore et toujours cette histoire de « que vont-ils en penser ? Que vont-ils en dire ? ». Cette histoire de virginité des femmes occupe tellement une énorme place dans notre culture que des actions scandaleuses sont parfois faites lorsque celles-ci ont une vie sexuelle active avant le mariage : baisse de la dot, tentative de la famille de séparer le couple car c’est un déshonneur, le mariage ne doit pas se savoir et les festivités sont considérablement réduites voire supprimées. L’hymen, la virginité et la chasteté déterminent la valeur d’une femme.

À ce propos, pour beaucoup, virginité rime avec présence d’hymen, hymen intact, etc. J’ai personnellement un problème avec cette définition : et les garçons ? Et les filles qui naissent sans hymen ? Et que fait-on de l’hymen perforé lors d’une activité ou même autre raison ?

Tout un tabou, que des non-dits autour de la sexualité qui finissent souvent par pousser énormément de personnes vers un danger. Après tout, qui leur a parlé le plus clairement possible des maladies sexuellement transmissibles, du dépistage et des précautions à prendre avant une relation intime ? Je sais que pour des parents, des éducateurs, des aînés, des frères et sœurs ce point-là est sensible mais il fait pourtant partie de l’éducation. Le silence est d’or dans certains cas mais ici, il est tort. On préserve plus l’enfant en en parlant qu’en se taisant. En effet, une vie sexuelle active n’est pas primordiale dans un couple ou tout simplement dans notre vie individuelle (on n’est pas plus femme ou homme si on est actif, et inversement) mais être renseigné le plus clairement possible sur le sujet peut sauver énormément de vies.


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4 réponses à « parlons sexualité et non-dits »

  1. Avatar de Natafi
    Natafi

    Salut
    Je risque de faire beaucoup de fautes d’orthographe mais bon pour ma part c’est pas grave 😊
    C’est pour te dire que j’ai lu ton article et c’est juste magnifique la façon dont tu parle de la sexualité à Mayotte et ont manque beaucoup informations à ce sujet …

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    1. Avatar de madamemoienparle

      Coucou ! Ne tqt pas pour les fautes 😉
      Merci bcp pour ton commentaire 🤗 énormément de carences oui sur ce point, malheureusement. Peut-être continuer à poser des questions auprès de nos proches, le personnel de santé, etc.

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  2. Avatar de Nya
    Nya

    C’est un sujet très intéressant qui touche principalement la femme dans la communauté. La femme est codifiée, elle ne doit pas faire ci et ça. Mais l’homme est plus libre, lui a le droit par exemple d’avoir une sexualité épanouie jusqu’au mariage…. Ah mais ! Dès fois même, il a le droit de tromper sa femme, enfin c’est pardonnable on va dire. Alors que ça aurait été l’inverse, on aurait dit que la femme est une prostitué. Il y a beaucoup trop d’inégalités vis à vis de la place de la femme je trouve, et si on éduqué tout simplement nos enfants (tout genre) de la même façon ?

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  3. Avatar de madamemoienparle

    Éduquer nos enfants de la même façon, sans faire une distinction sur le genre pourrait en effet être une solution, oui. À nous de jouer 💪🏽

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